Ce fameux réseau social “made in France” accusé de tromper ses utilisateurs
À trop vouloir forcer, BeReal se retrouve dans la tourmente.
L’application de partage de selfies instantanés BeReal (l’application de l’année 2022 selon Apple), rachetée cet été par l’éditeur français de jeux mobiles Voodoo, fait l’objet d’une plainte en Europe. Motif ? Ses méthodes de consentement au traçage publicitaire jugées coercitives. L’entreprise s’expose à des sanctions pouvant atteindre 4 % de son chiffre d’affaires mondial.
La stratégie du harcèlement numérique
La success story de BeReal prend un tournant qui pourrait la mener dans le ravin. L’application plébiscitée par la génération Z se retrouve dans le collimateur de l’ONG autrichienne NOYB, spécialisée dans la protection des données personnelles. Au cœur des accusations : des pratiques déloyales visant à arracher le consentement des utilisateurs au traçage publicitaire.
En effet, depuis le mois de juillet 2024, les utilisateurs européens de BeReal font face à un choix en apparence simple : accepter ou refuser le traçage via une bannière de consentement. Toutefois, derrière cette interface se cache une mécanique pernicieuse. Les réfractaires au traçage se voient quotidiennement imposer cette même bannière à chaque tentative de publication, tandis que les utilisateurs consentants en sont définitivement débarrassés. Autant dire qu’au niveau du RGPD, cela ne passe absolument pas !
Une violation manifeste du RGPD
« Les tactiques de BeReal sont particulièrement absurdes », dénonce Lisa Steinfeld, juriste chez NOYB. « À première vue, la bannière donne l’impression que l’application respecte réellement le choix des utilisateurs, mais en réalité, elle ne laisse aucune place au refus. Tout indique que BeReal cherche à forcer la main pour obtenir l’accord au traçage ».
Cette pratique contrevient évidemment aux directives du Comité européen de la protection des données qui condamnent explicitement le « harcèlement continu » visant à épuiser la résistance des utilisateurs.
L’ONG a saisi la CNIL, gendarme français des données personnelles, réclamant la mise en conformité immédiate du processus de consentement et la suppression des données collectées depuis l’instauration de ces pratiques douteuses. Une demande de sanction financière accompagne la plainte, comme écrit précédemment. Face à ces accusations, Voodoo n’a pas encore officiellement réagi.
- BeReal est accusée de forcer les utilisateurs à accepter le traçage publicitaire en utilisant des tactiques jugées intrusives et déloyales.
- L’ONG NOYB a déposé une plainte auprès de la CNIL pour exiger des sanctions et une mise en conformité immédiate.
- La stratégie de BeReal pourrait lui coûter cher, avec des sanctions possibles atteignant 4 % de son chiffre d’affaires mondial.