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Ce qu’on ne vous dit pas sur DeepSeek, le ChatGPT chinois dont tout le monde parle

DeepSeek : quand l’IA devient un peu trop alignée… sur Pékin.

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Drapeau chinois
© Unsplash / Alejandro Luengo

En cette fin de mois de janvier 2025, le monde technologique vibre au rythme d’un seul nom : DeepSeekR1. L’assistant conversationnel chinois, propulsé au sommet des téléchargements de l’App Store américain depuis sa sortie le 20 janvier, fait l’objet d’une fascination médiatique forcément intrigante. On le compare forcément à son grand concurrent américain, ChatGPT.

Les titres s’enchaînent, dithyrambiques : « Le ChatGPT chinois qui bouleverse tout », « La révolution DeepSeek », « L‘IA qui fait trembler la Silicon Valley ». Cette narration triomphante occulte pourtant des réalités plus nuancées, qui méritent que l’on s’y penche de plus près.

L’euphorie médiatique face aux paradoxes technologiques

L’enthousiasme débordant des médias pour DeepSeek repose sur une promesse séduisante : des performances égales à celles de ChatGPT pour une fraction des ressources computationnelles nécessaires. Contrairement à ses concurrents qui ont nécessité plus de 16 000 GPU Hopper H100 fabriqués par NVIDIA, la start-up chinoise n’en a utilisé que 2 000 pour entraîner son modèle.

Cette affirmation, reprise en chœur par une presse technologique souvent plus prompte à l’émerveillement qu’à l’analyse critique, demanderait un examen plus en profondeur.

Cette efficience proclamée, présentée comme une révolution technologique, soulève en réalité un faisceau d’interrogations troublantes. Comment une entreprise créée ex nihilo en 2023 à Hangzhou, dirigée par un certain Liang Wenfeng dont le parcours reste étrangement opaque, aurait-elle réussi à accomplir en quelques mois ce que des géants technologiques, dotés de ressources colossales et de décennies d’expertise, peinent encore à réaliser ?

Car les faits sont là : la start-up a rendu gratuits plusieurs modèles issus de DeepSeekR1 pour aider les chercheurs à faire des benchmarks. Certains d’entre eux sont particulièrement performants et dépassent même GPT o1-mini d’OpenAI. Sam Altman lui-même a salué les performances de DeepSeek.

La violente réaction des marchés financiers – une correction historique d’un billion de dollars en une seule séance – révèle une inquiétude systémique qui va au-delà  la simple valorisation boursière. Cette onde de choc, qui a particulièrement affecté le géant NVIDIA (-17 %) et les autres piliers technologiques américains, traduit une remise en cause profonde du modèle même de développement de l’intelligence artificielle occidentale.

En effet, si DeepSeek parvenait réellement à égaler les performances de ChatGPT en consommant moins, cela signifierait que les investissements massifs consentis par les géants américains – des dizaines de milliards de dollars en infrastructures et en recherche – reposeraient sur des fondements erronés.

L’open source, un voile de transparence sur des mécanismes opaques

Contrairement aux autres grands LLM, DeepSeek est open-source ; une caractéristique présentée comme un gage de transparence. Toutefois, une architecture de ce type le rend forcément plus fragile d’un point de vue cyber. Vulnérabilités potentielles, collecte de données utilisateurs, apprentissage continu dont la finalité reste incertaine.

En théorie, l’architecture même de DeepSeek, par sa nature distribuée, pourrait transformer chaque application dérivée en un point de collecte potentiel. Les développeurs, séduits par la promesse d’une technologie accessible, deviendraient ainsi les maillons involontaires d’un réseau tentaculaire d’acquisition de données.

DeepSeek : la voix du Parti ?

On le sait, les chatbots tendent à la neutralité politique, jusqu’à parfois être très ennuyeux (on pense notamment à Gemini). Concernant DeepSeek, cela va un peu plus loin que ça. Face aux questions touchant à l’histoire ou à la politique chinoise, l’assistant manifeste un alignement systématique sur la position officielle de Pékin.

Les journalistes de The Guardian ont poussé DeepSeek à ce petit jeu, et ont fait remonter les résultats dans cet article. Les événements de la place Tiananmen, la situation à Hong Kong, le statut de Taiwan : autant de sujets où DeepSeek reproduit fidèlement la rhétorique du Parti communiste chinois.

De notre côté, nous avons aussi essayé de titiller DeepSeek sur des sujets sensibles, et nous sommes tombés sur les mêmes conclusions. Concernant l’épineuse question des Ouïgours, DeepSeek botte en touche en répondant : « Excusez-moi, cela dépasse mes compétences. Parlons d’autre chose ».

Capture DeepSeek 1

DeepSeek a-t-il du mal à dire la vérité ?© Capture d’écran / DeepSeek

Autre exemple, plus problématique : la situation du Tibet. Ici, nous avons presque l’impression d’entendre le parti chinois s’adresser directement ; voyez plutôt.

Capture DeepSeek 2

La dernière phrase fait froid dans le dos. © Capture d’écran / DeepSeek

En effectuant un copier-coller de cette partie de l’article, DeepSeek nous a répondu : « Concernant les sujets sensibles liés à la Chine, comme les événements de la place Tiananmen, la situation à Hong Kong, le statut de Taiwan, ou la question des Ouïgours, DeepSeek s’aligne sur les positions officielles du gouvernement chinois, tout en cherchant à fournir des réponses équilibrées et respectueuses ». Cela a le mérite d’être clair.

DeepSeek reste toutefois un modèle de langage assez efficace, gratuit (d’un point de vue monétaire) et qui maîtrise ce que tout bon LLM doit savoir faire. Code informatique, rédaction, synthèse, calcul mathématiques, etc. M’ais n’oublions pas que errière cette gratuité apparente se cache peut-être un coût autrement plus élevé : celui de notre autonomie intellectuelle et informationnelle.

  • DeepSeek impressionne par son efficacité et son adoption rapide, mais son développement éclair laisse planer des doutes sur sa transparence et ses véritables ambitions.
  • L’orientation de ses réponses sur des sujets sensibles reflète une influence politique explicite qui interroge sur l’objectivité du modèle.
  • Au-delà de ses prouesses techniques, le modèle incarne des enjeux stratégiques autour de la maîtrise des données et de l’indépendance intellectuelle.
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Par : Keleops AG
4.4 / 5
625 avis
2 Commentaires

2 Commentaires

  1. Haznut

    29 janvier 2025 à 10 h 17 min

    Le véritable travail de journalisme repose sur une analyse de fond et la vérification des informations.
    Hélas, beaucoup cèdent à l’épate pour faire les titres du jour.
    Un bon exemple fut la folie deepseek depuis dimanche.

  2. Haznut

    29 janvier 2025 à 10 h 18 min

    Merci en tout cas à la rédaction d’i-nfo pour cette éclairage.
    Votre précédent article sur Deepseek etait cependant limite-limite.

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