Pourquoi fabriquer l’iPhone aux USA détruirait le business model d’Apple en quelques mois

Avec les nouveaux droits de douanes assassins imposés par Donald Trump, Apple se voit contrainte d’envisager une idée, qui, il y a quelques années, nous aurait parue complètement absurde. Et si les iPhone étaient produits sur le sol américain ? Le président républicain, en bon habitué des formules percutantes ; souvent signes de son inculture économique ; y croit « absolument ».

Toutefois, les analystes, eux, sont beaucoup moins enthousiastes. Car fabriquer un iPhone aux États-Unis, ce n’est pas juste déplacer des chaînes de montage ; c’est mettre en péril un équilibre industriel et financier construit au millimètre depuis deux décennies.

Fabriquer local, payer double : le calcul est vite fait

Quand la Bank of America a mis les chiffres à plat, le résultat a refroidi les ardeurs. Un iPhone fabriqué avec la main-d’œuvre américaine verrait immédiatement son coût unitaire grimper de 25 %. Mais en ajoutant les droits de douane actuels, imposés dans le cadre de la guerre commerciale, l’augmentation pourrait atteindre… 90 % ! Apple vendrait alors un produit deux fois plus cher… ou rognerait sur ses marges.

Deux options inacceptables pour une entreprise qui s’est bâtie sur l’équation inverse : prix élevé, coûts bas. Mais au regard de la situation actuelle, il est impossible d’affirmer que le tarif de l’iPhone n’évoluera pas.

C’est là que le business model s’effondre :  Apple ne vit pas du volume seul, mais de la rentabilité par appareil. Chaque iPhone rapporte parce qu’il coûte peu à produire, dans un réseau où chaque pièce vient du pays où elle est la plus avantageuse. Déplacer la production aux États-Unis, c’est faire exploser au C4 cette architecture. La rentabilité se contracterait brutalement, et les investisseurs le ressentiraient dès les résultats trimestriels.

« L’Amérique d’abord » et « rentabilité maximale » sont bien deux concepts incompatibles dans ce contexte ; entre des dividendes juteux et un drapeau étoilé, le choix sera vite vu pour les actionnaires. Si Trump n’avait pas joué au petit jeu du bulldozer aveugle en confondant souveraineté industrielle et suicide économique, nous n’en serions pas là. Mais les « si » ne sauvent personne dans une économie réelle.

Un réseau mondial impossible à dupliquer sur le sol américain

Le coût n’est pas le seul souci. L’iPhone, c’est aussi une chaîne d’approvisionnement distribuée entre dizaines de pays. Certains matériaux sont introuvables aux États-Unis – tantale, graphite, indium – d’autres, comme la bauxite, ne sont plus extraits localement. Même les alliages d’aluminium dépendent à plus de 50 % des importations canadiennes… que Trump a taxé aussi.

Résultat : même un iPhone « américain » continuerait de dépendre d’importations. Et ces composants, assemblés ou non, se heurteraient aux barrières tarifaires mises en place par l’administration Trump. D’après Wamsi Mohan, analyste pour la Bank of America, le scénario d’une production locale stable est peu probable : « À moins que les nouvelles taxes ne soient levées de manière claire et durable, Apple n’a aucun intérêt à rapatrier ses usines ».

L’iPhone « Made in USA » n’est donc pas un fantasme technologique, c’est un cauchemar économique. En s’y engageant, Apple ne gagnerait ni indépendance ni compétitivité, mais verrait son modèle se fissurer à grande vitesse : marges laminées, coûts explosés, délais allongés. Le genre de déséquilibre que même une entreprise aussi puissante ne peut encaisser très longtemps.

• Produire l’iPhone aux États-Unis ferait grimper les coûts de façon drastique, rendant l’appareil beaucoup plus cher ou moins rentable.
• La chaîne d’approvisionnement mondiale d’Apple, optimisée depuis 20 ans, ne peut pas être reproduite localement sans pertes majeures.
• Le projet de fabrication locale, poussé par la politique douanière de Trump, menace directement le modèle économique d’Apple.

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Par : Keleops AG

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