Suivez-nous

Apple

Apple au cœur de la tourmente pour son minage de métaux rares

Votre smartphone brille, mais à quel prix ?

Publié le

 
Mine
© Pexels / Tom Fisk

La République démocratique du Congo s’attaque judiciairement à Apple, déposant des plaintes pénales en France et en Belgique. Le géant californien se retrouve accusé d’alimenter indirectement les conflits armés à travers sa chaîne d’approvisionnement en métaux rares, essentiels à la fabrication de tous ses appareils électroniques.

Les filiales Apple France, Apple Retail France et Apple Retail Belgium se voient ainsi reprocher une série d’infractions : recel de crimes de guerre, blanchiment de minerais d’origine douteuse et pratiques commerciales trompeuses.

La mainmise sur les ressources stratégiques

Dans l’est de la RDC, les mines artisanales d’étain, de tantale et de tungstène ; les minerais « 3T » ; constituent l’épicentre d’un conflit meurtrier. Ces gisements, exploités dans des conditions précaires, sont devenus le nerf d’une guerre sans merci où s’entremêlent intérêts économiques et luttes territoriales.

Les groupes armés, dont certains bénéficient du soutien présumé du Rwanda selon les experts de l’ONU, exercent une emprise totale sur ces sites d’extraction. Leurs exactions, documentées, comprennent des massacres systématiques de civils, des campagnes de viols collectifs et des pillages organisés. Ces minerais, indispensables à l’industrie électronique, alimentent un commerce parallèle estimé à plusieurs millions de dollars.

Les avocats de la RDC, dans leur plainte déposée au parquet de Paris, étayent leurs accusations par des rapports détaillés des Nations Unies et d’organisations de défense des droits humains. Ils démontrent l’existence d’un système de blanchiment des minerais. Ces derniers transitent par des réseaux complexes, impliquant des intermédiaires dans plusieurs pays, avant d’être « légalisés » et intégrés aux chaînes d’approvisionnement internationales.

Le mécanisme de dissimulation s’appuie notamment sur de fausses certifications. Les minerais extraits sous la contrainte dans des zones de conflit sont frauduleusement étiquetés comme provenant de mines situées dans des régions pacifiées. Cette pratique, dénoncée dans le rapport The ITSCI Laundromat de Global Witness, permet leur commercialisation sur le marché mondial, masquant ainsi leur origine controversée.

Les conséquences de ce pillage organisé sont dévastatrices pour les populations locales. Depuis les années 1990, les violences ont causé la mort de millions de civils et le déplacement forcé de communautés entières. Le département d’État américain, dans une déclaration de juillet dernier, a spécifiquement souligné le rôle du commerce illicite du tantale dans le financement des conflits armés, offrant un argument supplémentaire aux poursuites engagées contre Apple.

L’effondrement d’un système de certification

Le programme ITSCI, présenté comme le garant de la traçabilité des minerais, révèle ses failles. La Responsible Minerals Initiative (RMI), regroupant plus de 500 entreprises dont Apple, a suspendu sa reconnaissance de ce dispositif jusqu’en 2026. Motif : son incapacité à surveiller les sites sensibles et à répondre à la recrudescence des violences au Nord-Kivu, province de l’Est de la RDC. À noter, cette suspension ne concerne que l’ITSCI et non l’ensemble des dispositifs de certification reconnus par la RMI.

Apple maintient sa ligne de défense, affirmant auditer ses fournisseurs et publier ses conclusions. Dans sa déclaration 2023 à la SEC, le groupe certifie qu’aucune fonderie ou raffinerie de sa chaîne d’approvisionnement ne finance les groupes armés congolais. Pourtant, le Département d’État américain a manifesté son inquiétude quant au rôle du commerce illicite de minerais dans le financement des conflits.

Robert Amsterdam, avocat américain représentant la RDC, qualifie ces plaintes de « première salve » d’une offensive plus large contre les géants technologiques. La Belgique, ancienne puissance coloniale, porte une responsabilité morale particulière dans ce dossier, selon l’avocat belge Christophe Marchand, rappelant que le pillage des ressources congolaises remonte à l’époque du roi Léopold II, de 1885 à 1908.

La tragédie humaine qui se déroule dans l’est congolais – violences systématiques, déplacements forcés – apparaît comme le revers sombre de notre dépendance technologique. Entre les déclarations vertueuses d’Apple à la SEC et la réalité du terrain, se creuse un fossé qui interroge la responsabilité collective, et par extension, la nôtre, des acteurs de la tech dans les drames humains liés à leur production.

  • La RDC accuse Apple d’utiliser des minerais issus de zones de conflit pour fabriquer ses appareils.
  • Des groupes armés exploitent ces ressources dans des conditions inhumaines, alimentant un commerce illégal.
  • Malgré ses audits, Apple fait face à des accusations de blanchiment et à un système de traçabilité défaillant.
i-nfo.fr - App officielle iPhon.fr
i-nfo.fr - App officielle iPhon.fr
Par : Keleops AG
4.4 / 5
611 avis

Nos sites : 01net | Journal du Geek | Presse-citron
Copyright © 2024 iPhon.fr

Apple, le logo Apple, iPod, iTunes et Mac sont des marques d’Apple Inc., déposées aux États-Unis et dans d’autres pays. iPhone et MacBook Air sont des marques déposées d’Apple Inc. MobileMe est une marque de service d’Apple Inc iPhon.fr et son forum ne sont pas liés à Apple et les marques citées sont la propriété de leurs détenteurs respectifs.