Les américains moins polis que les anglais avec l’I.A. Et vous ? (Sondage)
Les chatbots ne vous servent pas encore d’expresso, mais ils apprécient les bonnes manières !

« Bonjour », « merci pour votre aide » ou « au revoir » : des phrases banales que nous nous échangeons entre êtres humains quotidiennement. Ces codes sociaux immuables peuvent-ils être transposables lorsque l’on interagit avec un chatbot, quel qu’il soit ?
Une étude menée par Future et publiée en décembre baptisée Devons-nous respecter les LLMs ? [NDLR : grands modèles de langage] s’est penchée sur la question en analysant le comportement de 510 usagers américains et 518 anglais face aux chatbots. Un phénomène particulier en est ressorti : ces deux nations anglophones, pourtant culturellement proches sous certains aspects, développent des rapports différents avec les I.A. conversationnelles.
La politesse numérique, reflet des particularités culturelles ?
Premier point important, l’adoption de l’I.A. varie sensiblement entre les deux pays : 51 % des Américains interrogés utilisent régulièrement ces technologies, contre 45 % des Britanniques. Les données collectées sur deux périodes distinctes, à trois mois d’intervalle, révèlent un changement particulièrement marqué des comportements vis-à-vis de cette technologie.
Au Royaume-Uni, la proportion d’utilisateurs adoptant une attitude dite courtoise envers l’IA a bondi de 60 % à 71 %, soit une progression de 11 points. Aux États-Unis, la tendance suit une trajectoire plus modérée : le taux d’utilisateurs polis est passé de 64 % à 67 %, une augmentation de 3 points seulement.
Que l’on soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, les motivations derrière ces comportements restent assez semblables. Aux États-Unis, parmi les 67 % d’utilisateurs qui font preuve de politesse envers l’IA, une majorité écrasante de 82 % explique cette courtoisie par pure considération sociale : dire « s’il vous plaît » et « merci » relevant pour eux d’un automatisme naturel, indépendamment de la nature de leur interlocuteur.
Les 18 % restants avouent une motivation plus étrange : ils cultivent délibérément ces bonnes manières numériques comme une police d’assurance face à une hypothétique rébellion des intelligences artificielles.
Du côté britannique, la répartition suit une logique similaire : sur les 71 % d’utilisateurs courtois, 83 % placent les convenances sociales au premier plan, tandis que 17 % nourrissent les mêmes appréhensions apocalyptiques que leurs homologues américains.
Quand la courtoisie dope les performances de l’IA
Passons cette fois à l’analyse du segment des utilisateurs impolis faces aux IA. Aux États-Unis, sur l’ensemble des utilisateurs d’IA, 33 % adoptent une approche directe, sans fioritures. Au sein de ce groupe, deux tendances distinctes émergent : les pragmatiques et les sceptiques.
Les premiers, représentant 60 % de ces utilisateurs directs, privilégiant l’efficacité pure en formulant des requêtes brèves et précises. Les seconds, constituant les 40 % restants, rejettent fondamentalement l’idée même d’une politesse envers une entité artificielle.
Le portrait britannique, bien que similaire dans sa structure, présente néanmoins quelques nuances. Les utilisateurs non courtois y représentent une minorité plus restreinte de 29 %. Parmi eux, deux tiers optent délibérément pour des échanges concis et dépouillés de formules de politesse, privilégiant une communication rapide et fonctionnelle. Le tiers restant partage la position de leurs homologues américains, considérant la courtoisie envers une I.A. comme superflue, voire absurde.
Pourtant, A.J. Ghergich, vice-président mondial chez Botify nous explique qu’être poli avec une I.A. n’est pas sans avantage. « Croyez-le ou non, la politesse avec l’I.A. n’est pas seulement une question de bonnes manières, c’est une véritable stratégie. Des études montrent qu’en étant polis, nous activons chez l’IA des schémas de traitement liés à une communication humaine riche et détaillée. Résultat : des requêtes plus efficaces, avec une amélioration des performances pouvant atteindre 30 % » précise-t-il.
Ben Wood, analyste en chef chez CCS Insight, soulève un autre enjeu sociétal au regard de ces résultats. « Si le manque de respect envers les assistants virtuels devient acceptable, il est à craindre que ce type de comportement ne finisse par contaminer nos échanges avec nos semblables. Il est important de ne pas négliger ce risque ».
Qu’en pensez-vous ? Quels comportements adoptez-vous lorsque vous utilisez ChatGPT, Claude, Le Chat ou autres assistants virtuels ? N’hésitez pas à répondre à notre petit sondage ci-dessous et à développer votre point de vue dans la section commentaire.
- Les usagers britanniques deviennent plus polis avec l’I.A., avec une hausse de 11 points en trois mois, tandis que les Américains restent plus constants.
- Certains utilisateurs sont polis par crainte d’une rébellion des I.A., bien que la majorité le fasse par simple habitude sociale.
- Être courtois avec une IA pourrait améliorer ses performances jusqu’à 30 %.