Concurrence
Le sideloading, c’est quoi ? Explications et sécurité
Certains sont pour, d’autres contre : mais qu’est-ce qui peut bien motiver autant de débats ?
Apparu à la fin des années 2010, le terme sideloading a pris une certaine ampleur depuis le début de la décennie suivante. Sous ce terme se cache en réalité une pratique relativement simple, qui consiste à télécharger du contenu sur un appareil sans passer par la bibliothèque officielle de son système d’exploitation. Plus précisément, dans le cadre des dernières affaires concernant Apple, il s’agit de l’installation de fichiers contournant l’App Store et ses limitations.
Quelques exemples :
- installer une app sur son MacBook, c’est du sideloading si celle-ci n’est pas disponible sur le Mac App Store
- utiliser un émulateur comme Windows 365 ou Shadow pour faire tourner 7-Zip sur un iPad peut être considéré comme du sideloading
- télécharger un livre audio dans et depuis l’app Audible peut aussi être considéré comme du sideloading
- jouer à un jeu sur iOS en passant par Amazon Luna ou le Xbox Cloud Gaming est une autre situation qu’on peut qualifier de “sideloading”
Pourquoi on le fait
S’il n’existait auparavant pas vraiment de terme pour parler du sideloading, c’est en fait car ne se cache sous ce néologisme qu’une habitude aussi vieille que les logiciels eux-mêmes. En effet, depuis toujours les utilisateurs sont à la recherche de programmes pouvant “augmenter” les capacités de leur machine, ou juste pour se divertir. Ainsi, acheter Microsoft Office sous forme CD-ROM pour l’installer sur son iMac G3 s’apparentait déjà à du sideloading.
En effet, la suite bureautique de Redmond n’a pas toujours été disponible sur le Mac App Store. Qui plus est, la plateforme n’est d’ailleurs sortie de terre que longtemps après les premières machines personnelles d’Apple.
Quels sont les risques ?
Avec l’avènement du tout numérique ont malgré tout pu prospérer bon nombre d’acteurs malveillants sur le net, à commencer par les pirates informatiques ou les escrocs. Il est donc tout à fait possible de tomber par hasard sur un malware imitant une application que l’on souhaite installer. Sans antivirus digne de ce nom, le danger n’est alors pas négligeable : vol de données personnelles, demande de rançon, débit impromptu de son compte bancaire…
De plus, toujours dans la catégorie des inconvénients liés à la sécurité, avoir installé une app via sideloading signifie que celle-ci ne sera potentiellement pas connectée à un système de mise à jour automatique. L’utilisateur n’est alors plus protégé via des correctifs de bugs et de stabilité, pouvant parfois le défendre contre des failles majeures comme celle exploitée par Pegasus il y a peu.
Enfin, il y a aussi le risque d’un code mal exécuté ou mal rédigé, qui en se lançant peut faire planter l’OS. C’est pour toutes ces raisons qu’Apple a choisi de contrôler minutieusement -bien que parfois quelques ratés passent entre les mailles du filet- chaque application qui souhaite être listée dans l’App Store. Objectif : identifier les contenus néfastes… ou qui ne correspondent pas aux conditions d’utilisation de la plateforme. Et c’est là que ça se corse.
Les vraies raisons de la discorde
En effet, depuis maintenant plusieurs mois on ne compte plus les affaires relatant les mésaventures d’éditeurs pourtant bienveillants à première vue mais dont l’app a été bannie de l’App Store. Le cas le plus flagrant est peut-être celui d’Epic Games. Le studio de jeux vidéo a ainsi mis à jour son titre Fortnite en y intégrant un module de paiement in-app propriétaire, 30% moins cher que les transactions via iOS et Apple Pay. Résultat : un sérieux manque à gagner de potentiellement plusieurs millions d’euros pour la firme à la pomme qui ne collecte plus sa taxe du même montant, et un bannissement en règle du responsable.
Le problème, c’est que pour bon nombre d’autorités antitrust il s’agit là d’un comportement anticompétitif. En bloquant un émulateur de DOS, Apple s’accapare ainsi le marché du gaming avec son service payant alternatif : Arcade. Autre cas de figure : en n’autorisant ni Google Pay ni les options concurrentes pour les achats via la Watch et l’iPhone, Cupertino a la main mise sur tous les flux monétaires entrant et sortant de ses appareils.
Pour le moment, aucune législation n’a malgré tout su imposer le sideloading aux dirigeants d’Apple. Mais plusieurs organisations sont déjà à pied d’œuvre afin de favoriser plus de développeurs indépendants (surtout depuis que des passe-droits ont été constatés) ; en France, en Allemagne, aux États-Unis et même au niveau du Parlement européen. Jurisprudence à venir ?