Apple
Le FBI a pu déverrouiller l’iPhone d’un terroriste sans l’aide d’Apple
La passe d’armes se poursuit entre le géant de la Tech et la police fédérale.
Le 6 décembre dernier, un attaque terroriste a frappé la base aéronavale de Pensacola en Floride, provoquant la mort de quatre personnes dont le tireur. Dans le cadre de son enquête, le FBI avait demandé à Apple de déverrouiller les deux iPhones 5 et 7 du terroriste Mohammed Saeed Alshamrani. La firme de Cupertino a alors précisé qu’elle n’entendait pas offrir de backdoor au gouvernement américain sur ses produits car cela créerait un danger pour la protection des données personnelles.
“Nous ne croyons pas à la création d’une porte dérobée”
Quatre mois plus tard, la police fédérale américaine vient d’annoncer avoir pu forcer l’accès aux deux smartphones du tueur sans l’aide d’Apple. William Barr, procureur général des États-Unis, est revenu sur le sujet en n’épargnant pas au passage la firme de Cupertino :
Grâce à l’excellent travail du FBI – et non à Apple – nous avons pu déverrouiller les téléphones d’Alshamrani. La mine d’informations trouvées sur ces téléphones s’est révélée inestimable pour cette enquête en cours et cruciale pour la sécurité du peuple américain. Cependant, sans l’ingéniosité de notre FBI, un peu de chance et des heures et des heures de temps et de ressources, ces informations serait restées inconnues. En bout de ligne: notre sécurité nationale ne peut pas rester entre les mains de grandes sociétés qui mettent de l’argent sur l’accès légal et la sécurité publique. Le temps est venu pour une solution législative.
Apple a également réagi dans la foulée. L’entreprise réfute les propos de William Barr et dit avoir collaboré avec les autorités mais elle explique aussi refuser toute idée de backdoor sur ses données pour la justice américaine :
Apple a répondu aux premières demandes d’informations du FBI quelques heures seulement après l’attaque du 6 décembre 2019 et a continué de soutenir les forces de l’ordre pendant leur enquête. Nous avons fourni toutes les informations à notre disposition, y compris les sauvegardes iCloud, les informations de compte et les données transactionnelles pour plusieurs comptes, et nous avons prêté un soutien technique et d’enquête continu aux bureaux du FBI à Jacksonville, Pensacola et New York au cours des mois qui ont suivi. (…) C’est parce que nous prenons notre responsabilité en matière de sécurité nationale si sérieusement que nous ne croyons pas à la création d’une porte dérobée — qui rendrait chaque dispositif vulnérable aux mauvais acteurs qui menacent notre sécurité nationale et la sécurité des données de nos clients. Il n’existe pas de porte dérobée réservée aux gentils, et le peuple américain n’a pas à choisir entre un affaiblissement du chiffrement et des enquêtes efficaces.
Cette affaire confirme donc les tensions existantes entre les plus hautes autorités judiciaires américaines et la firme de Cupertino. La semaine dernière déjà, le FBI a par exemple délivré un mandat à Apple pour accéder aux données du sénateur républicain Richard Burr. À quelques mois de la présidentielle américaine de novembre, le sujet pourrait donc bien prendre une tournure politique.