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Nintendo bientôt obligé de sortir des jeux sur iPhone et iPad ?

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le

Alors que
Nintendo semblait encore en pleine forme il y a un an, la situation du
constructeur/éditeur japonais est aujourd’hui sur la pente savonneuse. Après
avoir officialisé les très mauvaises ventes de sa dernière console en date, la
Nintendo 3DS, les prévisions de profit annuel de la firme sur 2011 sont passées
de 110 milliards de yens à seulement 20. Le constructeur japonais a dû
immédiatement réagir et propose depuis hier une baisse drastique du
prix de la 3DS, passant de 249 à 169€
, moins de cinq mois après sa
sortie.

Les causes de cette déroute se trouvent du côté du marché et des
consommateurs : la téléphonie mobile et notamment l’iPhone et
l’iPad ont tout changé
. Nintendo n’a pas su réagir rapidement et se
retrouve presque le dos au mur aujourd’hui. Au point que l’éditeur de
Mario pourrait être contraint de sortir ses jeux sur les machines d’Apple
beaucoup plus vite qu’on pourrait le croire.

Le pourquoi du comment dans la suite.

Tout a commencé en 2004 lorsque Nintendo a lancé sa nouvelle console, la
Nintendo DS. Premier appareil à écran tactile destiné aux jeux vidéo, la
console rencontre un immense succès. Mais la véritable révolution réside dans
les jeux qu’elle va principalement proposer : des petits jeux simples,
dont on peut faire une partie très rapidement dans le métro et accessibles à
tous, loin des jeux habituels pour gamers près à s’investir des heures devant
leur écran. C’est l’explosion du “casual gaming”. La tendance va se confirmer
avec le lancement de la Wii, où le casual gaming va là encore prendre le dessus
sur les jeux vidéos plus impliquant, pourtant majoritaires auparavant sur
Gamecube, Nintendo 64, Dreamcast, Playstation 1, 2 et 3, Super Nintendo ou
Megadrive (etc). Au point que Nintendo va se mettre à dos une partie des
“gamers” purs et durs qui préféreront se tourner vers la PS3 et la X-Box 360.
Qu’importe : le marché du casual gaming est immense, profitant de son
effet de mode, et Nintendo ne se cache pas de viser la famille de 7 à 177 ans
dans ses pubs. Mais ce nouveau marché, comme tout marché naissant, va vite
évoluer. La clé sera l’apparition de l’iPhone d’Apple en 2007. Un jeu casual
n’aura pas trouvé meilleure place que sur un téléphone portable : la
combinaison “petit jeu + partie rapide + on a déjà la machine dans la poche
partout où on va” propre au smartphone est imparable. Quel intérêt alors de se
balader avec une Nintendo DS dans la poche ? Mieux encore : on trouve
des équivalents des jeux DS vendus entre 0.79 et 6-7€ là où ils valent entre 30
et 40€ sur DS. La stratégie de Nintendo commence à se retourner contre lui.

Les ventes de la Nintendo DS continuent cependant à bien marcher pendant
quelques années mais la cible a changé : les adultes n’en achètent plus
que pour leurs enfants. En 2011, Nintendo sort alors la Nintendo 3DS, persuadé
que sa nouvelle console (surpuissante, il est vrai) mêlée avec une technologie
3D sans lunettes (la 3D étant à la mode) rencontrera les faveurs des
consommateurs. C’est oublier l’effet dévastateur que l’iPhone et l’iPad a eu
sur les habitudes des consommateurs en peu de temps. Chez Apple, les jeux ne
sont pas chers, l’écran est magnifique, l’appareil ne sert pas que à jouer et
il y a déjà des milliers d’applications disponibles. Chez Nintendo, seuls 7-8
jeux sortent en même temps que la console et ils coûtent tous 35-40€. Sans
compter que la 3D est un gadget, heureusement pour nos yeux optionnel, que
presque tout le monde coupe au bout de 20 minutes. Quant aux parents, la
majorité ne voit pas l’intérêt d’acheter une nouvelle console à leurs enfants,
qui ont déjà une DS normale et un bon paquet de jeux dessus.

La messe est dite : sans finalement grande surprise, la Nintendo 3DS ne
se vend pas bien, forçant aujourd’hui Nintendo à baisser son prix. Et ce n’est
pas certain que cela suffise. Pendant ce temps, un autre enjeu nous concernant
directement est en train de se jouer en coulisse. Les actionnaires de
Nintendo
, préoccupés uniquement par les bénéfices, en ont marre de
voir le titre chuter à la bourse depuis un mois et sont arrivés à un
raisonnement extrêmement simple : puisque les machines de Nintendo
ne se vendent plus, le constructeur doit se résigner à sortir ses jeux sur les
appareils mobiles, notamment ceux d’Apple.
Une pression qui ne
rencontre pas les faveurs du PDG de Nintendo, Satoru Iwata, qui avait déclaré
il y a encore un an que tant qu’il serait président, aucun jeu de la firme ne
serait publié sur une autre console que celles fabriquées maison. Une attitude
que l’on peut comprendre idéologiquement : Nintendo a démocratisé le jeu
vidéo avec la Nes, Nintendo a toujours développé des jeux uniquement pour ses
propres consoles, lesquelles ont très souvent été d’immenses succès, Nintendo a
toujours protégé ses licenses, mettant en valeur ses consoles par la qualité de
finition mondialement reconnue de ses jeux. Mais le problème est que dans un
marché où le hardware évolue chaque année, un constructeur tout aussi
prestigieux que Nintendo n’a plus sa place s’il continue à faire évoluer son
propre hardware seulement tous les six ans.

Les voix se lèvent donc publiquement parmi les différents actionnaires, les
plus optimistes expliquant que Big N doit choisir entre inventer un nouveau
type de plateforme et lancer une révolution comme il l’a fait avec la Wii ou
Apple l’a fait avec l’iPhone, ou se résigner à rentrer dans la bataille des
jeux publiés sur mobiles et tablettes. Avec des licences telles que Super Mario
ou Zelda, Nintendo pourrait évidemment rencontrer un immense succès. Et donc
faire remonter l’action Nintendo. Récemment encore, lors de l’annonce d’un
jeu Pokémon sur iOs comme on avait pu le voir ici
, l’action Nintendo a fait
un bond… jusqu’à ce que Nintendo publie un communiqué pour réfuter son 
implication dans cette sortie en fait liée à une société affiliée (certes
officiellement mais ce n’est oas Nintendo directement).

Le problème de fond reste que Nintendo s’est détourné des gamers pour aller
créer un marché de casual gamers qu’il n’a pas réussi à suivre. Sony et
Microsoft se portent toujours très bien de leur côté avec des consoles de salon
surpuissantes (largement plus qu’un iPad 2 et qu’un futur iPad 3, faut-il le
rappeller), proposant des jeux d’une profondeur que nous ne sommes pas près de
voir sur iOs, et dont la précision de gameplay ne peut se satisfaire d’un écran
tactile et exige obligatoirement un pad (croix directionnelle + boutons). Ce
n’est pas le même marché, c’est tout. Il s’agit là d’un marché où les jeux à
60€ existe toujours bel et bien, un marché qui se porte même mieux que jamais,
preuve en sont les blockbusters qui continuent à être produit pour des sommes
astronomiques sur ces plates-formes et où 400 personnes se bousculent parfois
au générique. La conception du jeu vidéo s’est divisée en deux ces dernières
années, entre le nouveau casual gaming (DS, Wii, iPhone, iPad) vers lequel il
s’est élargi, et le hardcore gaming (PS3, X-Box 360, PC) là où seul ce dernier
existait auparavant.

Les mois qui vont suivre seront déterminant pour Nintendo. Si la 3DS ne se
vend pas comme espérée à la fin de l’année, suite à sa chute de prix, cela
marquera sans conteste la fin d’un règne sur le marché des portables, entamé en
1989 avec la Game Boy. Le jeu sur portable sera alors définitivement assimilé
au casual gaming. Est-ce suffisant pour pousser Nintendo vers Apple ? Non.
Car le véritable enjeu décisif sera la sortie de la Wii U de Nintendo l’année
prochaine, dont nous vous parlions il y a encore peu de temps. Venant en
apparence chasser sur les terres de l’iPad avec son écran portable, Nintendo
cherche surtout avec cette console à reprendre sa place dans le coeur des
hardcore gamers dont il s’est éloigné pendant presque dix ans. L’écran portatif
est ainsi accompagné d’un véritable pad avec des boutons… Cela n’a rien d’une
révolution, certes, mais si la Wii U ne rencontre pas de succès comme certains
observateurs le craignent aujourd’hui (mais ils disaient la même chose de la
première Wii), Nintendo aura sur les bras deux machines qui ne rencontrent pas
les faveurs des joueurs. Big N sera alors obligatoirement poussé vers le même
destin que Sega a connu au début des années 2000 avec la Dreamcast :
arrêter la fabrication de consoles et se consacrer à l’édition de jeux, sur un
maximum de plates formes. Un destin que tout le monde voit comme inéluctable.
Les jeux Nintendo sur l’App Store d’ici fin 2012 ? C’est probable. Et
c’est Nintendo qui s’y sera précipité la tête la première.

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Par : Keleops AG
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