Jeux
Final Fantasy Tactics sur iPhone : le test … polémique
semble se déchaîner depuis quelques jours autour de la sortie de Final Fantasy
Tactics (ici
sur l’App Store) “trop cher”, “en anglais” et “et le Retina bordel
?!” peuvent être lus partout à travers le web et surtout dans nos forums.
Et pourtant il serait bien dommage de passer à côté de ce chef d’oeuvre
absolu, considéré par les connaisseurs comme l’un des jeux les plus
aboutis de l’histoire du jeu vidéo.
Que veut dire ce mystérieux “Tactics” ? Pourquoi ce jeu est-il
incontournable ? On vous explique tout ça dans notre test fleuve
qui suit… Préparez vous à un petit moment de lecture. Mais le jeu en vaut
largement la chandelle et même les plus récalcitrants aux jeux vidéos risque de
se faire haper par le programme incroyable que propose Final Fantasy Tactics
:
Final Fantasy est à la base une série de RPG, des “Role Playing Game”, ou
“jeux d’aventure” mêlant exploration, batailles et amélioration des capacités
de nos personnages autour d’une histoire longue (plusieurs dizaines d’heures de
jeu par épisode). La saga est devenue instantanément un immense succès avec le
premier épisode en 1987 au japon et n’a pourtant commencé à s’exporter en
France qu’en 1997. Le premier chef d’oeuvre, encore complètement méconnu en
France, est Final Fantasy VI (sorti aux Etats-Unis sous le
titre Final Fantasy III, ce qui crée des confusions aujourd’hui alors qu’il n’a
rien à voir avec l’épisode III sur l’App Store). Le premier Final Fantasy sorti
en Europe estFinal Fantasy VII sur Playstation en 1997 :
le succès est immédiat. Suivront le controversé Final Fantasy VIII et
l’excellent Final Fantasy IX, toujours sur Playstation. Le créateur de la
série, Hironobu Sakaguchi, s’en est allé ensuite réaliser le
film Final Fantasy – Les Créatures de l’Esprit en 2001 et,
traumatisé par son échec mondial, s’écarta de la série, qui à partir du dixième
épisode commença alors un déclin irréversible au point de devenir
particulièrement fade aujourd’hui (en témoigne Final Fantasy XIII).
Parallèlement, peu après l’épisode Final Fantasy VII, sorti un mystérieux
épisode intitulé Final Fantasy Tactics sur Playstation et uniquement au Japon
et aux Etats-Unis. Jugé trop “hardcore” à l’époque pour l’Europe, il faudra
attendre dix ans pour le voir arriver en France, mais sur PSP. Deux épisodes
sont entre temps sortis sur Game Boy Advance et Nintendo DS, mais très
médiocres en comparaison de l’original, véritable bijou du genre.
Mais que veut dire ce mystérieux “Tactics” ? Pour
faire simple, il signifie la réduction de l’aspect “exploration” d’un Final
Fantasy à une peau de chagrin pour approfondir au maximum les combats et la
gestion des personnages. Il s’agit donc plus d’un jeu de stratégie, aux
possibilités immenses. Pourtant le scénario de Final Fantasy Tactics
est sans hésitation le plus soigné, le mieux écrit, le plus passionnant et le
plus étoffé de toute la saga. Et tant mieux étant donné qu’il est
linéaire et se subit sans avoir réellement à interagir avec. L’histoire de FFT
ne sert que de fil rouge à une série de batailles implicant votre héros et
plusieurs guerriers l’accompagnant.
Et c’est là que la beauté du jeu commence : chaque personnage que l’on
gère possède des points d’expérience et un “job”, un travail, que l’on peut
changer comme on veut entre chaque combat. On peut donc au choix en faire un
soldat, un archer, un voleur, un magicien blanc, un magicien noir, etc, sachant
que les points d’expérience qu’il gagnera dans un métier ne s’appliqueront pas
intégralement (loin de là) à un autre métier si l’on décide de l’en changer.
Dans notre équipe de 5-6 voire plus de personnages, chacun gagnera une
expérience dans son métier au fur et à mesure des combats, et donc de nouveaux
sortilèges, de nouvelles aptitudes, l’ensemble des capacités à leur administrer
étant tout simplement phénoménal et le nombre de combinaisons et donc de
stratégies à développer pour préparer les combats, étant infini. Pour preuve,
on peut passer sans s’en rendre compte une vingtaine de minutes avant un combat
dans les menus à optimiser ses personnages…
Mais cela ne s’arrête pas là : chaque combat se déroule sur un décor
divisé en un très grand damier (comme un jeu d’échec ou de dames) et “perturbé”
par une topographie très capricieuse. Un combat dans un désert ne pourra pas se
jouer de la même manière qu’un combat dans une montagne entrecoupée d’un
ruisseau ou dans une prairie. Chaque personnage joue tour après tour, tout
comme les ennemis, et doit commencer par faire face à ses capacités à se
déplacer plus ou moins loin à chaque tour. Une fois déplacé, et une fois une
action choisie (attaquer, lancer un sort, utiliser un objet, ne rien faire,
etc), il faudra choisir une “position” parmi quatre directions (devant,
derrière, à gauche, à droite), en anticipant bien sûr d’où votre personnage a
le plus de chances de se faire attaquer. Car s’il se fait attaquer par devant,
il encaissera moins de dommages que par de côté ou, encore pire, par derrière.
Sans cesse pendant une bataille, il faut gérer sa formation, la position des
personnages, toujours s’assurer qu’il y en a un correctement positionné pour
protéger les autres (un archer en hauteur par exemple, un magicien en arrière,
etc), ou qui puisse se rapprocher en moins de deux tours pour venir ressusciter
un personnage (qui n’a que trois tours pour revenir à la vie). Car un
personnage mort dans Final Fantasy Tactics l’est
dé-fi-ni-ti-vement.<br>
Pire encore : l’ennemi en face est très organisé et développe à chaque
bataille une stratégie qu’il va falloir anticiper. Le premier combat dans Final
Fantasy Tactics est généralement soldé d’un échec pour tout nouveau joueur tant
sont requis une compréhension des éléments à l’écran ainsi que l’élaboration
d’une stratégie. On vous rassure tout de même : l’ensemble reste abordable
pour que la seconde ou troisième bataille aboutisse sur votre victoire. La
progression est un des points forts de Final Fantasy Tactics. En revanche si
les premiers combats durent environ 10-20 minutes (ce qui est déjà considérable
en comparaison avec ceux d’un Final Fantasy normal), attendez-vous au
bout de seulement quelques heures de jeu à des combats d’une durée totale
chacun avoisinant 1 ou 2 heures. Des combats longs, intenses,
prenants, … et dont une issue en notre défaveur au bout de deux heures à avoir
bataillé est rageant au possible. Et pourtant, on se prend à enchaîner
directement sur une revanche tant le jeu ne se montre absolument jamais
décourageant malgré son challenge.On comprend mieux d’où vient la
centaine d’heure de durée de vie pour finir le jeu…
Le Tactical-RPG n’est pas un genre nouveau et ce n’est pas Final Fantasy
Tactics qui l’a inauguré. Et pourtant c’est le premier (et seul) jeu à avoir sû
gérer aussi merveilleusement un tel équilibre entre profondeur, stratégie,
difficulté, accessibilité et fun. FFT touché par la grâce ? Oh que oui. Et
c’est loin d’être tout.
Car Final Fantasy Tactics est en plus de cela une réussite
incroyable en terme d’ambiance, que ce soit esthétique ou sonore. Si
les décors sont en véritable 3D, tous les personnages et les sorts sont
réalisés en 2D pour une finesse que seule cette technique là sait encore
offrir. En résumé, c’est ultra mignon mais en plus l’ensemble est d’une
richesse esthétique rare et surtout d’une cohérence incroyable. Les univers
médiévaux sont fréquents dans les jeux japonais, mais rarement ils ont atteint
une telle harmonie. Le jeu doit aussi énormément à sa partition
musicale, devenue un classique aujourd’hui, composée par le trop rare
Hitoshi Sakimoto et tranchant radicalement avec le style “Final Fantasy”
habituel que l’on doit à un autre compositeur de renommé, Nobuo Uematsu. Ici
c’est à une véritable symphonie que l’on a droit et la réussite des musiques se
résume à un constat : bien que très répétitive, surtout lors de combat
durant plus d’une heure, on ne s’en lasse pas une seule seconde et on en
redemande.
Bon, et la version iPhone dans tout ça ?
La version iPhone est la troisième à sortir. Tout a commencé avec la version
Playstation 1 sortie en 1997, parfaite en tout point. Néanmoins le 16/9
commençait tout juste à poindre ses pixels et ne fût que très peu exploité sur
cette console : Final Fantasy Tactics fût donc réalisé en 4/3. La console
possédait également une résolution de 640×480 pixels maximum, largement
surpassée depuis. En 2007, pour les dix ans du jeu, une version PSP sort,
remasterisée en 16/9, mais à la résolution inférieure. Une nouvelle traduction
anglaise est également réalisée, celle de la version Playstation étant jugée
trop fidèle à l’originale japonaise et employant donc un langage très
“moyen-âge”. Etre européen en 1998 (sortie de la version US) et jouer à Final
Fantasy Tactics en import sur Playstation 1, signifiait s’armer d’un bon
dictionnaire pour comprendre les 120 pages de dialogues que comprend le
jeu ! Malheureusement si cette version PSP gardait toutes les qualités
esthétiques et la profondeur de jeu de l’original, proposant une jolie refonte
en 16/9, elle apportait son lot de défauts, notamment de TRES nombreux
ralentissements lors des animations de sortilèges. Invoquer le dieu Bahamut
était synonyme de douleur pour l’ennemi mais aussi pour le joueur qui devait se
taper sur l’écran de sa console des pertes de rythme vraiment saoûlantes,
surtout lorsqu’elles sont aussi nombreuses (au moindre sortilège de feu lancé)
dans des parties déjà très longues.
La version iPhone n’est pas une simple transposition de la version
PSP contrairement à ce que l’on peut lire depuis quelques semaines.
Techniquement, elle corrige déjà presque tous les problèmes techniques de cette
dernière. Ensuite, un très gros travail a été apporté à la maniabilité
via l’écran tactile. On peut désormais tourner autour du plateau de
jeu avec les doigts, comme on peut pincer l’écran comme une photo pour zoomer
ou dézoomer à volonté. De nombreux détails tirent parti de l’écran tactile et
les lister ici serait fastidieux (et au fond assez inintéressant), mais ils
prouvent véritablement que cette adaptation a été pensée de fond en comble.
On pourra toutefois reprocher beaucoup de choses à cette version, notamment
qu’au bout de 14 ans Square Enix n’a toujours pas une version française
à nous proposer. Certes le jeu n’a jamais été un succès commercial où
que ce soit (contrairement aux “on dit” !), même sur PSP, mais sa renommée très
forte auprès de la petite communauté de connaisseurs a suffit à générer
l’attente autour de cette version iOs. Les possibilités de mise à jour du jeu
étant illimités sur iPhone, on peut espérer qu’une version française sera
prochainement proposée. Mais la véritable déception est l’absence
d’optimisation des graphismes à la résolution Retina de l’iPhone 4.
Nous sommes là très exactement face à la version Playstation 1, pixellisée.
Alors oui, le jeu est magnifique esthétiquement, mais on pouvait s’attendre à
une version optimisée pour l’iPhone 4. Néanmoins là encore l’hypothèse d’une
mise à jour n’est pas à exclure : la version iPad sortira dans les
prochaines semaines, son retard étant dû à un énorme travail de reconstitution
des graphismes à une résolution supérieure. En gros, l’équipe de Square Enix a
tout redessiné de A à Z pour correspondre à la résolution bien plus élevée de
la tablette d’Apple. Il serait parfaitement logique que la version iPhone
puisse également en bénéficier pour l’iPhone 4. Du moins on espère. Et Square
Enix a sincèrement intérêt à rendre justice à ce petit chef d’oeuvre.
Quoiqu’il en soit, en toute objectivité, l’App Store se dote avec
Final Fantasy Tactics de son jeu le plus profond et le plus riche qui
soit. C’est un véritable bijou, une pièce d’orfèvre de l’histoire du
jeu vidéo, qui nous est proposé aujourd’hui pour une poignée d’euros dans une
version joliment adapté à la maniabilité géniale que propose un écran tactile.
Reste que Square Enix aurait un peu plus assurer les finitions en
proposant des graphismes Retina et une traduction française. L’espoir
d’une mise à jour résolvant ces problèmes est de mise …
Les plus :
- Le plus grand Tactics-RPG au monde dans sa poche.
- Vous n’avez jamais adhéré aux Tactics-RPG ? Avec FFT, vous allez
adorer… - Une centaine d’heure de jeu, de batailles jubilatoires…
- Le scénario, exceptionnel.
- Les graphismes, toujours aussi magnifiques.
- Les bugs de la version PSP en grande partie corrigés.
- Une adaptation sur écran tactile parfaite.
Les moins :
- Les graphismes Retina, ils sont où bon sang ?
- Uniquement en anglais.
- Uniquement la traduction anglaise de 2007. On aimerait bien retrouver dans
les options celle de 1997, plus “moyen-âgeuse”. - Y’a vraiment intérêt à faire des mises à jour pour corriger les défauts
ci-dessus. Square Enix doit bien ça à ce chef d’oeuvre. - Le prix, vraiment dissuasif pour l’App Store. Et pourtant le jeu le vaut
largement. - L’application n’est PAS universelle : si on veut y jouer sur iPhone et
iPad, il faut acheter les deux versions. En 2011, c’est inacceptable.