Bluesky : la nouvelle étoile montante des réseaux sociaux ?

Né comme projet interne chez Twitter avant de prendre son indépendance en 2022, le réseau social dirigé par Jay Graber connaît une croissance fulgurante, doublant sa base d’utilisateurs depuis septembre dernier. Les données de SimilarWeb révèlent que l’écart avec son concurrent direct, Instagram Threads, se resserre rapidement : alors que ce dernier comptait cinq fois plus d’utilisateurs quotidiens avant les élections américaines, son avance s’est réduite à un facteur de 1,5 dès la mi-novembre.

Bluesky, surnommée parfois le « Twitter décentralisé » vient tout juste de franchir le cap des 20 millions d’utilisateurs, portée par un exode massif post-élection américaine. En quelques jours à peine, la plateforme a donc gagné 5 millions d’utilisateurs.

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Une croissance explosive portée par l’exode de X

Les chiffres témoignent d’une accélération spectaculaire. Plus d’un million de nouveaux utilisateurs depuis l’élection américaine, 3 millions après la suspension de X au Brésil en septembre, et 1,2 million supplémentaires dans les deux jours suivant l’annonce controversée de X sur la modification de sa fonction de blocage.

L’application connaît une explosion d’usage de 519 % aux États-Unis et 352 % au Royaume-Uni par rapport aux dix premiers mois de l’année. Cette hypercroissance se matérialise dans le classement des applications : Bluesky occupe la première place de l’App Store américain depuis le 13 novembre, surpassant Threads (4ᵉ) et reléguant X à la 41ᵉ position. Un véritable coup de pied dans la fourmilière !

Comme l’explique Emily Liu, porte-parole de Bluesky, la plateforme accueille « des communautés variées, des fans de Taylor Swift aux lutteurs en passant par les urbanistes », illustrant sa capacité à attirer des publics diversifiés. Des personnes peut-être aussi épuisées de l’atmosphère toxique qui règne sur X depuis le rachat de Musk, à la recherche d’un air virtuel plus frais à respirer.

Graphique montrant l’explosion des utilisateurs US de Bluesky, qui dépassent désormais ceux de Threads. © SimilarWeb

Un refuge numérique aux fonctionnalités innovantes

La plateforme se démarque techniquement des autres par son architecture décentralisée. Contrairement à une plateforme centralisée qui repose sur un seul serveur principal, Bluesky fonctionne sur un réseau de serveurs indépendants. Chaque utilisateur peut choisir le serveur qui lui convient le mieux et personnaliser son expérience.

Le système de modération se révèle particulièrement efficace pour bloquer ou suspendre les comptes problématiques et lutter contre les comportements toxiques. Les « starter packs », salués notamment par l’historienne Ruth Ben-Ghiat qui y a gagné 21 000 abonnés en un jour, facilitent la découverte d’experts et de contenus thématiques. La représentante des États-Unis, Alexandria Ocasio-Cortez, résume ainsi le sentiment général dans un post liké 27 000 fois : « Bon sang, quel plaisir de se retrouver dans un espace numérique avec de vrais êtres humains ».

Cette approche technique s’inscrit dans la vision du Fediverse, où les réseaux sociaux pourraient s’interconnecter comme le font déjà les services de messagerie, offrant une alternative au modèle centralisé dominant.

Un enjeu politique et médiatique d’envergure

L’exode vers Bluesky s’inscrit dans un contexte de défiance généralisée envers X. Des médias d’importance critique comme The Guardian (10,8 millions d’abonnés), Ouest-France (688 000 abonnés) et La Vanguardia (1,3 million d’abonnés) ont annoncé la suspension de leurs publications sur la plateforme de Musk.

Le club de football allemand St. Pauli a justifié son départ de la plateforme en qualifiant X de « machine à haine » susceptible d’influencer les élections allemandes. La nomination de Musk au « Département de l’Efficacité Gouvernementale » (DOGE) sous Trump soulève de vives inquiétudes quant à la neutralité de X, que certains experts voient déjà comme un  « Truth Social premium ».

Un réseau lancé par Trump connu pour sa polarisation et son affiliation à des cercles de droite plus que douteux : fans de théories du complot stupides à la sauce Qanon, désinformation, discours de haine, propagande ultraconservatrice à la rhétorique simpliste et incendiaire, etc.

Les utilisateurs craignent également l’exploitation de leurs données pour l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle de xAI, l’entreprise de Musk. Face à ces dérives, le professeur Axel Bruns de l’Université de Technologie du Queensland observe que Bluesky devient « un refuge pour ceux qui recherchent l’expérience sociale que Twitter offrait autrefois, sans l’activisme d’extrême droite, la désinformation et les discours haineux ». Avec une croissance si explosive, nul doute que Bluesky prendra une place de plus en plus importante dans l’arène des réseaux sociaux.

• Bluesky connaît une croissance fulgurante, atteignant 20 millions d’utilisateurs grâce à son architecture décentralisée et une modération efficace.
• La plateforme séduit des utilisateurs aux profils très diversifiés et devient une alternative moins toxique à X.
• Avec son positionnement innovant et sa popularité croissante, Bluesky est aujourd’hui dans une position très enviable.

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Par : Keleops AG

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